Chapitre VII

Le soleil était encore très bas sur l’horizon, et deux heures à peine avaient passé, ce matin-là, depuis le lever du camp, lorsque Wood désigna à Bob Morane une longue bande sombre, marquant un plateau, qui se découpait au-dessus de l’horizon.

— Voilà le pays des Balébélés, mon vieux Bob, et dans quelques heures nous parviendrons à l’entrée du défilé permettant d’y accéder. Es-tu toujours bien décidé à aller rendre visite à ce vieux pirate de Bankutûh ?

Morane hocha la tête affirmativement.

— Plus que jamais, dit-il. Tu sais d’ailleurs fort bien, Al, que c’est peut-être là l’unique moyen de rejoindre miss Hetzel avant qu’il ne soit trop tard…

Allan Wood demeura un long moment silencieux, comme absorbé par des pensées contradictoires.

— Tu as raison, Bob, fit-il enfin, c’est là le seul moyen, en effet…

Depuis trois jours à présent, Morane, Wood et leur safari avançaient à travers la savane, et la distance les séparant de l’expédition commandée par Peter Bald et Brownsky ne semblait pas devoir décroître. C’était comme si, selon l’expression imagée de Bob, « Peter Bald et Brownsky étaient pressés d’aller se faire rôtir les côtelettes en enfer, et en même temps celles de miss Hetzel ». Si l’on voulait les rejoindre avant qu’ils n’aient atteint les rives de la Sangrâh et le pays des Bakubis, il fallait à tout prix emprunter un raccourci en traversant le royaume de l’irascible Bankutûh.

Il était une heure de l’après-midi quand l’expédition atteignit l’entrée du défilé conduisant au sommet du plateau. M’Booli, qui marchait en avant, s’arrêta soudain et montra un point devant lui. Sur deux pieux peints en rouge et plantés dans le sol, deux crânes humains, parfaitement blanchis par le soleil, se trouvaient accrochés, telle une double menace de mort.

— Mauvais, fit M’Booli, très mauvais…

— Voilà l’avertissement de Bankutûh, dit Allan Wood en désignant les deux crânes, et voilà ceux qui sont chargés de le faire respecter…

Il montrait les silhouettes de guerriers noirs qui, juchés au sommet des rochers, veillaient avec vigilance sur l’intégrité des frontières interdites.

— As-tu toujours l’intention de rencontrer Bankutûh ? demanda encore Allan à l’adresse de Morane.

Ce dernier fit la grimace. L’attitude des guerriers balébélés lui donnait à réfléchir. Pourtant, il n’était pas homme à se laisser rebuter au premier obstacle.

— Avançons encore un peu, dit-il, jusqu’à dépasser les deux crânes. De là, M’Booli parlera aux gardiens et nous verrons bien ce qui se passera…

Précédés par M’Booli, Morane et Wood s’avancèrent vers le défilé. Quand ils eurent dépassé les deux crânes de quelques mètres, ils s’arrêtèrent. Allan Wood désigna les sentinelles à M’Booli.

— Crie-leur que nous venons en amis pour rencontrer leur roi…

Le géant noir s’avança d’un pas encore et, mettant les mains en porte-voix autour de sa bouche, lança de longues phrases en dialecte balébélé. La réponse lui parvint presque aussitôt. Il tourna alors vers les deux Blancs un visage grave.

— Les sentinelles disent que nous devons retourner sur nos pas. Le roi Bankutûh ne veut rien avoir à faire avec Blanc, quel qu’il soit…

Comme pour ponctuer ces mots, il y eut un double sifflement et deux sagaies aux hampes teintées de rouge vinrent se planter, l’une aux pieds de Morane, l’autre à ceux de Wood. Calmement, avec son flegme tout britannique, le chasseur se tourna vers son ami.

— Quand je te disais qu’il n’y avait rien à faire avec Bankutûh, mon vieux Bob. Si nous avançons encore d’un seul pas, les sagaies ne nous manqueront pas cette fois…

Longuement, Morane considéra les sentinelles juchées, l’arme à la main, au sommet de leurs rochers. Finalement, l’expression de mécontentement peinte sur son visage aux traits durcis s’éteignit pour laisser place à de la lassitude. Il rejeta son feutre en arrière et, en un geste familier, passa les doigts de sa main droite ouverte dans la brosse de ses cheveux.

— Je crois qu’il est inutile de s’entêter, en effet, fit-il. Nous faire percer à coups de sagaies ne servirait à rien. Pourtant, j’enrage de penser que, faute de pouvoir traverser le domaine de ce croquemitaine de Bankutûh, nous ne parviendrons pas à rejoindre miss Hetzel avant la Sangrâh…

Les trois hommes avaient fait volte-face et s’en revenaient vers le groupe des porteurs, arrêtés à peu de distance du défilé.

— Miss Hetzel, Peter Bald et Brownsky, expliqua Allan Wood, doivent eux aussi contourner le plateau. Comme la Sangrâh ne peut se passer à gué, ils devront s’arrêter pendant un, ou même deux jours, pour construire de solides radeaux, capables, le cas échéant, de résister aux attaques des hippopotames, et cela nous offrira peut-être la possibilité de les rejoindre. En attendant, il nous faut nous éloigner du défilé, car notre vue pourrait tenter les belliqueux Balébélés. Pendant les quelques heures qui nous restent avant la tombée de la nuit, nous commencerons à contourner le plateau et dans quatre ou cinq jours, si tout se passe bien, nous atteindrons les rives de la Sangrâh.

Bob ne répondit pas. Il n’avait rien à redire à ce projet, faute de pouvoir lui en opposer un autre. Pourtant, son inquiétude au sujet de Leni Hetzel s’accentuait de plus en plus et il devinait qu’Allan la partageait. Tous deux en effet se sentaient déchirés par un sombre remords. Allan pour avoir refusé son concours à la jeune fille et l’avoir jetée ainsi entre les mains de Peter Bald et de Brownsky ; Bob pour n’avoir pas assez insisté auprès de son ami…

Le safari s’était remis en marche le long de la falaise, vertigineux à-pic dominé par la chevelure verte et hostile de la jungle, d’où s’échappait parfois, tel un trait d’argent, le tronc haut et délié d’un géant végétal. Une paix totale régnait et, seul, de temps en temps, un vautour passait d’un vol lourd à travers le ciel plombé, pour s’abattre soudain, serres ouvertes, sur quelque charogne.

Tout en marchant, Morane considérait avec insistance le flanc de la falaise, comme s’il eût voulu y découvrir une faille non gardée par laquelle le safari tout entier eût pu se glisser. Mais Wood ne tarda cependant pas à détromper son espoir.

— Il est inutile de chercher le moyen d’arriver là-haut, dit-il. Un excellent grimpeur pourrait peut-être y parvenir, mais non un safari tout entier, avec des porteurs lourdement chargés. Non, tout ce qui nous reste à faire pour l’instant, c’est gagner la Sangrâh par le chemin des écoliers, c’est-à-dire en contournant le plateau…

Peu avant la tombée de la nuit, la petite troupe atteignit un espace débroussaillé, au centre duquel demeuraient des restes de feux. Plusieurs jours auparavant, le safari de miss Hetzel devait avoir campé là. Allan Wood décida de s’installer au même endroit pour la nuit. Les abris furent dressés, les feux allumés et, deux heures plus tard, sous la garde de deux sentinelles, les membres de la petite troupe, blancs et noirs, sombraient dans un profond sommeil.

 

*
* *

 

Un cri déchirant – à la fois hurlement de douleur et d’agonie – doublé d’une sorte de rugissement, réveilla Morane en sursaut. Il bondit aussitôt sur sa carabine et sortit de la tente. Rapidement, il jeta un regard autour de lui, pour s’arrêter devant un horrible spectacle. À l’extrémité du camp, éclairée par la lumière dansante des feux, une bête gigantesque, ours ou gorille il n’eût pu le dire, s’acharnait sur le corps inanimé d’une des sentinelles. Le second garde, comme paralysé par la terreur, contemplait la scène sans faire mine d’intervenir.

Déjà Bob avait épaulé son arme et, presque sans viser, fit feu dans la direction du monstre. Celui-ci, touché sans doute, se dressa en poussant un rauquement et, pendant un moment, Morane eut la vision d’épouvantables mâchoires garnies d’une double rangée de dents pareilles à celles du lion. Vite, Bob fit glisser une nouvelle cartouche dans le canon de sa Winchester mais, déjà, l’étrange animal, d’une course lourde qui fit trembler le sol, s’était enfoncé dans les buissons. Morane lâcha sa balle dans la direction où avait disparu la bête et, presque aussitôt, un troisième coup de feu, tiré cette fois par Allan Wood, déchira le silence de la nuit. Il y eut encore un bruit de branches brisées sous une masse énorme lancée au galop, puis ce fut tout…

Morane et Wood s’étaient penchés sur le corps inanimé du noir, mais celui-ci, lacéré par de redoutables griffes, ne donnait déjà plus signe de vie. Bob se redressa et, du menton, désigna l’endroit où était disparu l’agresseur.

— Qu’est-ce que c’était ? interrogea-t-il.

Al haussa les épaules et montra les Noirs, qui s’étaient groupés peureusement autour des feux.

— Écoute-les, fit-il, et tu sauras…

Les porteurs semblaient saisis par une sorte de terreur sacrée. Ils tremblaient de tous leurs membres et un mot, toujours le même, passait de bouche en bouche :

— M’ngwa… M’ngwa…

Wood hocha la tête. Il paraissait lui-même un peu effrayé.

— Voilà ce que c’était, dit-il. Le M’ngwa… Notre vieil ami l’Ours Nandi, comme nous l’appelons, nous autres chasseurs blancs.

— J’ai cru un moment que c’était un gorille, fit Bob, ou peut-être encore un ours en effet, mais un énorme, au moins aussi grand que l’ours brun géant des îles Kodiak.

À nouveau, Allan Wood eut un geste vague.

— Peut-on savoir à quoi ressemble exactement le M’ngwa ? Parfois on le décrit comme un ours gigantesque, parfois comme un anthropoïde d’une espèce inconnue, ou encore comme une monstrueuse hyène tachetée. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il ne s’agit d’aucun animal connu des zoologistes. Regarde cette trace…

Du doigt, il désignait une large empreinte imprimée dans la terre meuble, près d’un des feux. Longue d’une quarantaine de centimètres, elle affectait la forme d’une bêche avec, à son extrémité la plus large, la marque de quatre terribles griffes pareilles à des poignards.

— Cela ressemblerait plutôt à l’empreinte d’un ours, remarqua Bob.

— C’est pour cette raison que nous nommons le M’ngwa Ours Nandi, mais cela n’explique cependant rien puisque, comme tu dois le savoir, il n’existe pas d’ours en Afrique. Le mystère demeure entier car, de mémoire d’homme – et les traditions indigènes sont tenaces au point de se transformer finalement en légendes –, personne n’est encore parvenu à tuer un vrai M’ngwa. D’ailleurs, les Noirs en ont une terreur irraisonnée et le considèrent comme un démon incarné… Regarde les porteurs et tu seras édifié…

Les Noirs n’avaient pas abandonné leur attitude terrifiée et s’étaient mis à se balancer suivant un rythme lent, en murmurant une mélopée plaintive qui allait en s’amplifiant. Seul, M’Booli ne prenait pas part à cette manifestation d’épouvante, mais il roulait cependant des yeux apeurés et, parfois, un long frémissement agitait sa prodigieuse musculature. Les porteurs semblaient à présent étrangers à tout ce qui se passait autour d’eux et leur complainte s’était substituée au silence de la nuit.

— Ils seront comme ça jusqu’au jour, fit Wood, et rien ne pourrait les faire taire, sauf la mort. Aux premières lueurs de l’aube, ils s’apaiseront, mais je doute que, désormais, nous puissions encore en tirer quelque chose. Puisque cette contrée est habitée par le M’ngwa, ils refuseront d’aller plus loin et, si nous les y forçons, ils nous abandonneront à la première occasion…

— N’y a-t-il rien à faire ?

— Rien, sauf peut-être tuer l’animal lui-même, mais tu l’as sans doute blessé tout à l’heure et il ne reviendra pas se frotter à nous de sitôt. Il n’y a donc rien à tenter. Quand les Noirs sont repris par les vieilles terreurs ancestrales, ils ne sont plus bons à grand-chose. Il y a quelques jours, je te parlais de Juju. Le voilà qui se manifeste dans toute sa puissance et nous, hommes blancs, ne pouvons rien contre lui…

 

*
* *

 

Les prévisions d’Allan Wood devaient se réaliser. À l’aube, les porteurs refusèrent de lever le camp et de continuer à avancer. Au contraire, ils manifestèrent le désir de regagner Walobo, et Allan Wood eut beau user de supplications, de menaces, puis encore de supplications, rien n’y fit. Leur terreur, leur appréhension devant l’inconnu, matérialisée par le M’ngwa, se révélait la plus forte.

Finalement, Allan Wood jugea inutile d’insister.

— Dis-leur, cria-t-il à l’adresse de M’Booli, qu’ils peuvent retourner à Walobo s’ils le désirent, mais qu’ils ne seront pas payés. Je les avais engagés pour nous accompagner jusqu’au bout du safari, sans leur indiquer de destination précise. Puisqu’ils nous abandonnent, ils n’auront droit à aucune rétribution.

M’Booli s’empressa de répéter fidèlement ces paroles aux porteurs, mais elles ne semblèrent cependant faire aucune impression sur ceux-ci. Laissant leurs colis, ils vinrent saluer sans une seule parole Allan Wood et Morane puis, en file indienne, ils reprirent silencieusement le chemin de Walobo. Seul M’Booli, chez qui la fidélité l’emportait sur la peur, demeura auprès des deux Blancs.

Allan Wood, le premier, retrouva la parole.

— Il était inutile de tenter de les retenir, dit-il, et même si j’y étais parvenu, la situation aurait été intenable au cours des jours à venir. Au moins, maintenant, nous nous trouvons dans une situation nette…

— Bien sûr, dit Bob en désignant les colis épars dans l’enceinte du camp, la situation est nette. Nous allons être forcés de porter tout cela, ou de tout abandonner…

— M’Booli, toi et moi nous chargerons du strict minimum et laisserons le reste sur place, pour tenter de gagner la Sangrâh à marche forcée. Si nous parvenons à rejoindre miss Hetzel avant que sa troupe n’ait franchi la rivière, tout ira bien. Sinon, nous serons sans doute obligés de l’abandonner à son triste sort. À trois, nous ne parviendrons jamais à traverser le pays des Bakubis. Les Hommes-Léopards regarderaient sans doute à deux fois avant d’attaquer un camp solidement retranché, mais ils n’hésiteraient guère à assaillir trois hommes isolés. En franchissant la Sangrâh, nous signerions en même temps notre arrêt de mort.

Le chasseur leva les yeux vers le sommet du plateau, où commençait le territoire des Balébélés, et il dit encore, avec rancœur.

— Sans ce vieux sacripant de Bankutûh, tout serait si simple. Nous traverserions le plateau au lieu de devoir le contourner et aurions ainsi une chance d’atteindre les rives de la Sangrâh en même temps que miss Hetzel et ces deux forbans de Peter Bald et de Brownsky. Mais nous n’avons pas de temps à perdre. Répartissons les charges et mettons-nous en route sans retard…

Une heure plus tard, les trois hommes, porteurs chacun d’un lourd sac, se remettaient en marche le long de la falaise interdite. Allan Wood, armé d’un fusil de type Mauser à lunette, arme fort utile pour tirer l’antilope à longue distance, allait en avant. Derrière venait Morane, porteur d’une légère carabine Winchester, et M’Booli, chargé du fusil de chasse pour le petit gibier, fermait la marche.

Tout en avançant, Morane maugréait en lui-même contre ce sort qui ne cessait de s’acharner sur lui et semait sa route de chausse-trappes. Pourtant, amoureux de la jungle et de ses dangers comme il l’était, il n’aurait pas été sans goûter la dure et cependant grisante réalité de l’aventure si, au bout de cette course menée par ses deux compagnons et lui, il n’y avait eu la vie de Leni Hetzel comme enjeu…

La Vallée des Brontosaures
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